L’appel d’un ami

La semaine dernière nous avons vu comment échapper à un rendez-vous aussi peu désiré qu’un abcès sur la fesse droite la vieille d’un rendez-vous Meetic, grâce à un camouflage rapide et efficace. Une technique historique digne des meilleurs soldats de la Légion étrangère, capables de se fondre dans n’importe quel décor avec deux feuilles de fougères,  un bouchon de liège et un stylo 4 couleurs.

Même si dans le cas sus nommé, il fallait essentiellement un bureau de taille adaptée à la physionomie du héros. Ce qui n’est pas toujours aisé à trouver.

Et il faut donc faire preuve de ruses plus subtiles, pour venir à bout de n’importe quel importun, en terrain découvert.

Et voici donc, aujourd’hui, une technique cette fois héritée de l’agence SOE «  Special Opérations Executive » du grand Churchill.

Vous avez tous vous aussi, régulièrement été confrontés, à cette fameuse famille, toujours pleine de bonnes intentions et de questions liées à la scolarité du rejeton telles que :

  • La semaine dernière il faisait meilleur, on a du remettre les manteaux. Rhalalala il n’y a plus de saison.
  • J’ai vu qu’il avait bientôt fini son cahier du jour, vous avez prévu de lui en donner un autre, ou vous préférez que je lui donne celui avec une couverture jaune, vous savez celui de l’an dernier, votre collègue ne l’avait pas fini ?
  • Son frère a fait la varicelle en maternelle, lui il est en CP. Vous pensez qu’il va l’avoir avant la fin de l’année ? Parce que la voisine de ma tante, qui a eu un petit avec la varicelle attend toujours que le grand frère tombe malade. Vous en pensez quoi ?

Et donc, vous vous sentez vous dessécher, comme un bigorneau mal latéralisé et qui aurait choisi de partir en randonnée sur la plage et non sur son GR varech 34 habituel. Et c’est là que le travail en équipe prend tout son sens. La mission et son plan d’attaque doivent être longuement discutés en amont. Le plan doit être tenu secret, et ne pas risquer de tomber dans les mains de l’ennemi.  Je vais vous en faire part, mais si cela venait à se savoir je nierai toute responsabilité.

  • J-1 prévenir l’équipe de la possible incursion de l’ennemi
  • H -1 mise en place du code « Appel d’un ami »
  • Heure h déclencher le plan

Au loin vous reconnaissez le pas de l’ennemi, déjà vous sentez la sueur vous parcourir l’échine. Mais plus d’inquiétude, Calamity a la technique, testée et approuvée.

Tout d’abord, mettre l’ennemi en confiance, l’accueillir avec le sourire, comme on accueille le serveur du Bar des Sports quand il arrive, le plateau chargé de Mojitos sur une terrasse ensoleillée.

Puis en tapinois, envoyer le texto « appel à un ami » à Maîtresse Blondinette, tout en tenant l’ennemi à l’œil, comme on tient à l’œil son dentier à l’ EHPAD la nuit, et surtout attendre tranquillement.

Quand le téléphone de l’école retentit comme par magie, surtout ne rien laisser transparaître, rester de marbre. Vous pouvez même vous fendre d’une remarque agacée, qui vous aidera à endormir votre adversaire :

  • Mince, on est toujours dérangé par ce téléphone. Mais ne vous inquiétez pas.  Si c’est important, le répondeur est branché. Alors je vous écoute.
  • Je voulais vous demander….
  • Calamity, je suis désolée de te déranger mais Mr Luke te demande au téléphone, c’est vraiment urgent.
  • Merci Maîtresse Blondinette, je vais le prendre tout de suite. Je vais devoir vous demander de partir, cet appel risque d’être long. Je vous laisse le soin de noter sur le cahier de liaison ce dont vous vouliez me parler, d’accord ? Bonne soirée à vous.

Barman !!! Deux mojitos ! A la tienne, Maîtresse Blondinette !

Alice VERSAL