

Depuis le 1er septembre et sa pré-rentrée, nous sommes revenus officiellement dans nos écoles. Officieusement, nous y étions en fait depuis de nombreux jours à tout préparer, tout organiser, tout ranger.
Certains d’entre nous avaient même quitté leur école bien longtemps après le mardi 6 juillet. Là aussi, pour faire une seule chose, notre travail, notre mission. Avec professionnalisme, avec conscience. Peu de gens le savent. Peu de gens se rendent compte que nous aimons notre école et que le travail doit être fait quoi qu’il en coûte au point d’y passer des heures, bien au-delà du raisonnable parfois.
Nous sommes bel et bien les invisibles de l’Education nationale. Nous passons ainsi des heures invisibles dans nos écoles, nous arrivons les premiers, nous partons les derniers, nous restons la plupart du temps sur place les midis pendant que des collègues rentrent chez eux, déjeunent ensemble ou s’occupent de leur classe.
Nous sommes des invisibles. Nous doublons très souvent notre direction d’une charge d’enseignement ; nous cumulons des heures invisibles de direction avec des heures visibles devant nos élèves.
Depuis la pandémie Covid-19 arrivée il y a déjà 20 mois dans nos vies et nos établissements, notre cape d’invisibilité commence pourtant peu à peu à disparaître.
De nouvelles tâches se sont révélées au grand jour. La gestion du protocole sanitaire, la mise en place, la mise en place de la continuité pédagogique et la gestion du travail à distance malgré la fracture numérique si présente dans de nombreuses familles, la gestion des cas Covid de nos élèves et l’appel à la fameuse cellule Covid, les tableaux à remplir en urgence, l’aide aux contractuels venus pallier l’absence des collègues en ASA, la distribution des masques à tous, les réunions en visio pour nous expliquer que la FAQ vient de changer et ce que nous devons faire ; tout ceci en plus des missions habituelles invisibles de tout directeur dans la gestion de son école, Onde, conseils des maîtres, rencontrer les parents, tenir des conseils d’école, répondre aux demandes hiérarchiques, établir un projet d’école après le bilan du précédent, s’occuper du périscolaire, veiller à la sureté de notre établissement… la vie quoi.
Nous sommes des adaptables. Nous avons tout subi, nous avons tout adapté. La cape s’est donc fissurée avec l’arrivée de la pandémie, un peu. Une petite prime, une petite augmentation indemnitaire sont arrivées pour nous remercier de notre adaptabilité.
Les directrices et les directeurs d’école auront l’occasion dans quelques semaines lors du nouveau passage de la loi RILHAC au parlement d’enlever totalement cette cape que nous gardions humblement sur nous. Par habitude je dirais. Cela fait des années, des décennies que nous sommes des invisibles.
Il est temps d’ôter notre modestie professionnelle. Notre heure est venue. Nous devons devenir visibles.
Thierry PAJOT, Secrétaire Général, Gonfaron, samedi 11 septembre 2021
Illustration de Jacques RISSO