Depuis mars 2020 et plus particulièrement depuis le début de cette nouvelle vague du virus que les épidémiologistes surnomment la 5ème, les 45 500 directrices et directeurs d’école gèrent chaque jour à leur échelle la pandémie Covid. 

Ce virus a en effet la mainmise sur nos écoles, il est presque partout. Rares sont en effet les écoles qui ne connaissent pas un cas, un signalement. Il envahit nos soirées, il envahit nos weekends, il envahit nos vies. Les remontées des collègues montrent une fatigue, un stress et des craintes de ne pas pouvoir tout assumer. 

La vie de notre école est en effet désormais rythmée par les changements de protocole, par des livraisons (parfois rares ou inexistantes) de masques et d’autotests, par nos déclarations d’élèves positifs, par la rédaction d’e-mails ou des appels téléphoniques pour prévenir les familles de la présence du virus dans une ou plusieurs classes.

Le virus circule, l’école est actuellement au centre de sa diffusion selon les derniers chiffres des taux d’incidence. Le gouvernement prend donc des mesures supplémentaires pour tenter de freiner la propagation, imposant ainsi à compter du jeudi 9 décembre, le port du masque tout au long de la présence de chaque élève d’élémentaire de son arrivée dans l’enceinte de l’établissement à la fin de sa journée de classe. 

Ce sont alors les 45 500 directrices et directeurs qui se doivent de mettre en place les nouvelles mesures, doivent prévenir les familles des changements, discutent avec les services du périscolaire pour les protocoles cantine et autre temps périscolaire. 

Ce sont les 45 500 directrices et directeurs qui font face au portail des écoles, aux familles qui posent mille questions, qui s’interrogent sur la scolarité de leurs enfants, sur les bienfaits ou méfaits du port du masque en permanence, qui demandent des éclaircissements sur la continuité pédagogique. Parfois, des parents se montrent agressifs envers nous car ils ne comprennent pas toujours les changements de protocoles ou les différences de traitement entre un cas contact dans la classe ou lors d’une activité extérieure. 

Ce sont également et notamment les 14 000 directrices et directeurs d’école maternelle qui sont avec toute leur équipe, au contact d’élèves non masqués qui risquent de transmettre le virus ; sans oublier les familles qui nous confient en élémentaire des élèves malades avec un petit médicament pris juste avant d’arriver avant l’école. 

Ce sont les 45 500 directrices et directeurs d’école qui vérifient les tests négatifs des élèves lors de retours au compte-goutte après un cas positif, ce sont eux qui appellent les cellules départementales Covid pour obtenir des informations sur une fermeture de classe ou d’école. 

Ce sont eux qui aident les collègues à gérer des classes incomplètes en aidant quelquefois au présentiel-distanciel avec des élèves revenus à la suite d’un test négatif et ceux restés chez eux par volonté familiale ou qui renvoient le matin les élèves des classes dont l’enseignant est absent et n’est pas remplacé.

Les 45 500 directrices et directeurs d’école aimeraient faire autre chose, ils aimeraient coordonner une école pleine de projets, pleine de rires, pleine de visages souriants à l’approche des fêtes, ils aimeraient. 

Ils voudraient coordonner leurs équipes, s’occuper de leurs propres classes qu’ils délaissent trop souvent en ce moment, rentrer chez eux et poser leurs téléphones et ordinateurs portables sans y toucher lors des soirées ou des weekends, ils voudraient. 

Mais ils ne le font pas car ils sont consciencieux, attentifs, et soucieux des élèves, adultes qu’ils côtoient. Ils sont là chaque matin et chaque soir pour aider à la réussite scolaire des enfants. Ils sont là.

Ce lundi 13 décembre, les directrices et directeurs d’école auront la possibilité de faire un envoi commun de fiches de Santé et de Sécurité au Travail (fiches SST) qu’ils auront rédigées durant le weekend. 

Ces fiches SST relateront leurs difficultés depuis mars 2020, parleront de ce qu’ils font au détriment parfois de leur propre santé et de leur vie familiale pour maintenir leurs écoles et tenter de garantir à tous une scolarité sereine. Elles parleront de tout ce qui ne va pas. 

Ces fiches sont là et seront envoyées pour rappeler que derrière tout protocole sanitaire, il y a des directrices et directeurs qui tentent de faire tout leur possible, qui aimeraient qu’on les aide véritablement à gérer de manière plus sereine cette pandémie et enfin, qui souhaiteraient davantage de bienveillance de la part de leur hiérarchie.

Le 13 décembre, écrivez votre quotidien et dites tout ce qui ne va pas dans une fiche SST que vous adresserez à vos référents Santé au Travail.

Le 13 décembre, ce sera la journée de la fiche.

#sst13decembre

Gonfaron, mercredi 8 décembre 2021, Thierry PAJOT, Secrétaire Général du #S2DE au nom du Bureau National du #S2DE