Voilà 2022-2023 est fini, enfin presque.

Même si vendredi vers 16h30, nous avons dit au revoir à nos élèves, à nos parents d’élèves et un peu plus tard à notre équipe, même si nous avons arpenté les couloirs, les classes en profitant du silence pour « humer » une dernière fois notre école, nous savons tous que beaucoup d’entre nous reviendrons plusieurs fois durant l’été pour assurer les stages de réussite, vérifier les emails, ouvrir la boîte aux lettres, vérifier avec la mairie l’arrivée des commandes, discuter avec le centre aéré le partage des locaux, ranger notre bureau, ordonner notre classe et aussi nettoyer la cafetière et couper l’alimentation du frigo qui tourne encore avec des restes du dernier goûter, du dernier repas, du dernier verre entre collègues…

Notre métier de directrice ou de directeur ne s’est pas arrêté le 7 juillet, il ne s’arrête jamais en fait.

L’été, nous clamons haut et fort à nos proches que nous ne parlerons pas d’école, que nous ne suivrons pas son actualité – changement de ministre ou pas -, que toute discussion sur ce sujet à venir sera bannie de tous les repas, mais, dans un coin de notre tête, une petite veilleuse qui s’appelle « la rentrée » restera, malgré toutes nos promesses et tous nos efforts, toujours allumée. On ne se refait pas.

Outre nos passages cet été à l’école, plusieurs d’entre nous sont allés ce samedi ou iront cette semaine porter plainte pour des menaces, des injures, des comportements inacceptables de parents et parfois aussi de la part de collègues lors de cette dernière semaine, nous serons là cet été pour les accompagner s’ils en expriment le besoin.

Cette année fut présentielle et pleine pour nos élèves. Eux qui, notamment les GS et les CM2, avaient vécu 2 années chaotiques entre 2020 et 2021 en raison de la présence du Covid ont enfin pu bénéficier d’une année « normale » d’enseignements et d’apprentissages.

L’année fut pourtant extrêmement difficile dans de nombreuses écoles avec des conflits, des situations de harcèlement, des équipes éducatives convoquées en urgence pour gérer des élèves violents…

Des collègues sortent ainsi épuisés de cette gestion quotidienne d’élèves d’enfants présents dans nos établissements faute d’une place dans un IME ou une structure véritablement adaptée à leurs comportements et leurs besoins.

De nombreux collègues quittent cet été la direction d’école, parfois par volonté de donner un tournant à leur carrière ou pour prendre une autre voie dans l’Éducation Nationale en devenant IEN, CPC, Personnel de Direction, ERUN, Coordonnateurs CASNAV ou AESH, Chargés de mission, ERH etc… mais d’autres ont préféré quitter la direction ne supportant plus cette pression quotidienne qu’est notre métier, d’autres démissionneront, ne trouvant plus l’idéal promis.

Certains enfin profiteront d’une retraite ô combien méritée, synonyme, nous l’espérons, d’une nouvelle vie heureuse de faire ce qu’ils veulent. Le 3 septembre prochain au soir, nul doute qu’ils auront un pincement au cœur ou un soulagement en s’endormant sans crainte d’un réveil qui ne sonne pas et, ne devraient pas rêver d’élèves agités, de parents hargneux, d’évaluation d’école ou bien encore de conseils des maitres houleux suite par exemple à une répartition des classes qui ne contente pas tout le monde.

Nous sommes dimanche 9 juillet 2023. L’école est finie. Juste l’école. Pas notre métier.

Thierry PAJOT, SG, Gonfaron.