Courant juin, mon IEN m’a contactée pour me demander si j’accepterais de devenir à la rentrée coordinatrice PIAL, mon département fonctionnant depuis cette rentrée 2021 uniquement en PIAL.

Bien après certains départements, mais toutefois avant d’autres.

J’ai accepté cette mission pour plusieurs raisons, les deux plus importantes étant que connaître le PIAL de l’intérieur me paraissait plus satisfaisant que de le subir, et surtout parce que je suis directrice d’une école de 13 classes, concernée par l’augmentation de taux de décharge en cette rentrée.

Aussi, ma charge d’enseignement est d’une journée par semaine cette année.

La fiche de poste reçue en juin m’a quelque peu effrayée, mais mon inspectrice, étant pilote du PIAL, m’a rassurée car les missions de coordinatrice ne seraient pas aussi étendues avant 3 années d’existence du PIAL. Dans notre académie, la mission de coordinatrice de PIAL nous octroie une prime annuelle versée en juillet de 1200 euros brut alors que dans certaines académies, nous avons droit à une journée de décharge supplémentaire par semaine.

Le PIAL est un pôle inclusif d’accompagnement localisé. Il doit permettre de répartir les moyens d’accompagnement humain au plus juste pour tous les élèves en situation de handicap. Ainsi, les AESH sont affectées sur un PIAL et non plus sur une école.

Mardi 6 juillet, nous avons eu, les pilotes (chefs d’établissement ou IEN) et les coordinateurs PIAL une réunion en visio. Nous avons également reçu un tableau de la DSDEN avec les élèves en situation de handicap, leur AESH et d’autres colonnes, qu’il a fallu entièrement remanier, compléter, afin de le rendre plus fonctionnel pour moi.

“Mon” PIAL contient 15 écoles, 7 maternelles, 7 élémentaire, 1 primaire. Ma première mission a été de prendre la parole en réunion des directeurs le jour de la pré-rentrée, sur demande de mon IEN, pour intervenir sur le PIAL, en donnant mes coordonnées, mail, téléphone de l’école et téléphone portable personnel (choix de ma part pour le téléphone personnel). Ce même jour, j’ai eu la surprise de voir arriver dans l’école, pendant la réunion avec mes collègues, des AESH dont le lycée employeur leur avait dit de venir se présenter à moi…

Le jour-même, après l’envoi d’un tableau entièrement remanié aux collègues directeurs et directrices, j’ai eu des mails en retour de la part des écoles du PIAL afin de me signifier les élèves sans accompagnement ou les erreurs de saisie, les éventuels déménagements, les nouvelles notifications.

Sans compter l’appel d’AESH inconnues de “mon tableau” qui me demandent où elles sont affectées…… J’ai passé également du temps au téléphone avec la coordinatrice du PIAL voisin afin de faire ensemble un retour d’expérience.

Au 11 septembre, après un recul de 10 jours, la charge de travail est immense. Je pense avoir passé la moitié de mon temps de directrice déchargée 3 jours à gérer du mieux possible ce PIAL, au détriment de mon métier de directrice d’école probablement. Les quelques premiers jours ont été très frustrants, notamment car malgré le temps passé, je ne pouvais rien apporter de plus aux collègues en “détresse” face à des élèves sans accompagnement. Les missions des acteurs de ces PIAL ne sont pas clairement définies, j’ai eu le sentiment que l’on nous rajoutait un intermédiaire afin de décharger les enseignants référents débordés. Cette interlocutrice, c’est moi, qui viens du terrain, qui comprends les besoins du terrain, ayant eu un jour ou l’autre les mêmes besoins, ceux qui mettent en difficulté toute l’école et toute l’équipe, même si elle est unie. Un sentiment aussi que nos différents services manquent de communication entre eux. Nous en sommes aux balbutiements du PIAL, nous manquons d’efficience.

Alors, j’ai fait beaucoup de mails, j’ai passé beaucoup de coups de fil, entre la sonnette du portail, les commandes à réceptionner, les livrets d’évaluation CP et CE1 à récupérer, les masques et autotests à aller chercher à la circonscription, des saignements de nez, des élèves à besoins particuliers, une maitresse absente, une classe fermée cause Covid, mes élèves, les PFSE, les nouveaux collègues qui ont besoin de réponses, la mairie, la cantine, et tout ce qui a fait le quotidien depuis le 20 août de toutes nos écoles.

Hier midi, j’ai enfin passé mon premier coup de fil satisfaisant et porteur de bonne nouvelle dans le cadre de cette mission, après un nouvel appel au secours du maître. J’ai informé la directrice que son élève de Moyenne Section aurait ses 24 heures d’AESH, dès lundi.

Alors je n’ai envie de retenir que la phrase de cette directrice, qui se reconnaitra peut-être ici :

“On va fêter ça ce soir avec le maître, merci:)”

photo les aesh (accompagnant d’élèves en situation de handicap) sont en grève, ce jeudi, au quartz, à brest (photo d’illustration).  ©  getty images/istockphoto