Ce samedi, nous avons reçu le témoignage de L., le voici :

« Bonjour, je n’ai pas pour habitude de communiquer sur ma situation et ma détresse professionnelle mais en prenant le temps de lire vos témoignages et consulter votre site internet, j’ai eu besoin de « vider mon sac » sur ma situation.

Je suis enseignante depuis 13 ans, j’ai exercé dans une précédente école une direction à 2 classes pendant 6 ans avant « une pause ». L’accès à la direction (3 classes) dans laquelle je travaille aujourd’hui a été un parcours chaotique et aujourd’hui, je me demande si j’ai vraiment fait le bon choix.

Il y a 2 ans, j’ai pris le relais de la collègue directrice qui annonçait son intention de partir depuis plusieurs années. Cela faisait 3 ans que je le demandais au cas où. Erreur : je n’ai pas vérifié la validité de ma liste d’aptitude qui a échu le 31/08/2022, pour une prise de poste le 01/09/22. Courrier au DASEN pour expliquer la situation, refus d’être titularisée sur le poste. L’administratif prime… J’ai donc été nommée à titre provisoire et faisant fonction pendant 1 an. Un appel de mon inspectrice m’indique que je n’accède pas à la formation des faisant-fonction comme j’ai déjà eu une formation de direction. Je le comprends et l’accepte.

Je demande dans le courant de l’année une inscription, à nouveau, sur la liste d’aptitude. Aucun entretien, aucune information jusqu’à la réception d’un mail qui n’indique que je suis de nouveau inscrite sur la liste (donc purement administratif).

Entre temps, PPCR. Echange à nouveau avec cette inspectrice à qui je demande d’accéder à la formation des directeurs me sentant fragile à ce sujet, ma dernière formation initiale datant de 2012. Sa réponse est claire : attendons que vous soyez nommée officiellement et nous en rediscuterons. Cela est envisageable.

Je demande donc officiellement mon poste de direction à 3 classes en « espérant » l’obtenir et ne pas m’être investie dans cette école pour rien durant plusieurs années. Chose faite ! Je suis officiellement titulaire avec la phase du mouvement. Je recontacte donc mon inspectrice que je sens cette fois-ci beaucoup plus frileuse… Verdict : je n’accèderai pas à la formation des directeurs car il n’y a plus de place. Le dernier « admis  » est un directeur dont la formation initiale date de 2010.

Je ne suis pas assez capable d’être titulaire de mon poste en 2022/2023 puisque ma LAD est échue, mais « trop qualifiée » pour accéder à la formation en 2023/2024.

Suite à un autre problème lié à la gestion de mes 12 jours de direction, je demande un RDV officiellement à mon inspectrice en présence d’un représentant syndical local et aborde à nouveau le problème de la formation : même réponse, le groupe est complet mais selon la disponibilité des remplacements, elle avisera. Sur les 5 sessions prévues, j’ai pu accéder à ce jour à 2 jours… Ils sont 22 inscrits en formation pour le département.

Tous ces soucis sont bien entendus en complément des tracas du quotidien : gestion des conflits des élèves, calmer les rancœurs des parents, leur faire comprendre que ce n’est pas eux qui dirigent l’école, les ESS, les EE à prévoir, les orientations EGPA à construire, construire du lien et des projets avec les partenaires locaux, la municipalité, les collègues du RPI, les injonctions et enquêtes diverses … et bonus cette année : auto – évaluation d’école à construire en 2 mois …. tout ça avec seulement 1 journée de décharge de direction toutes les 3 semaines…

Après tout ça, je suis aussi enseignante d’une classe de CM1/CM2 qui demande de l’attention et du suivi, ainsi que des corrections et des RDV individuels de parents pour les évaluations CM1…

Sans compter, le « fameux » questionnaire harcèlement à faire passer aux élèves puis une « restitution » sera faite aux parents. Hein ? Quand ? Quoi ? Comment ? Sur quel temps ??

Je ne me suis même pas encore penchée sur les questionnaires faits par mes élèves à ce jour…

Bref, pour achever l’ensemble, je suis désormais en arrêt : début du surmenage, sensation de couler/crouler sous les tâches à faire…

Je téléphone à la circonscription pour annoncer mon arrêt et indiquer qu’une journée de direction (1 journée toutes les 3 semaines seulement) est prévue dans ce laps de temps, s’il sera possible de le déplacer qd je serai de retour. Réponse négative, aucun remplaçant disponible et de toute façon, ces journées ne sont plus reportées. Ah mince, il fallait aussi que je m’organise pour tomber malade au bon moment…. Dommage, je n’aurai donc qu’une journée pour la période 2 complète.

Je suis dépitée, dégoutée et pourtant j’étais tellement motivée... Si nous pouvions accéder à une formation de direction pour mettre à jour nos connaissances régulièrement… Mais surtout, aujourd’hui, j’ai besoin DE TEMPS pour faire mon travail correctement … Comment expliquer qu’une école à 4 classes ait 1 journée par semaine, mais une école à 3 classes seulement 1 pour 3 semaines ??? Je connais déjà la réponse: le budget… c’est une honte! 

J’ai lu beaucoup de témoignages sur les directeurs de grosses écoles, mais il faut aussi savoir que les petites structures souffrent…

Je vous remercie d’avoir pris le temps de (me) lire (…), et n’hésitez pas à le faire remonter au ministère si besoin, il faut que ça change !!! 

Merci pour votre mail d’informations régulier, L., directrice d’école de 3 classes.