“Je m’appelle Estelle*, je suis directrice de mon école depuis 2004. J’habite la ville où je travaille.

En  2019, je me suis lancée en politique. En 2020, la liste dans laquelle j’étais n°2 a perdu et le maire actuel a donc été élu avec quelques voix d’écart. Le candidat perdant a demandé un recours et en attendant la décision de justice, j’ai été conseillère municipale. 

A la rentrée 2021, le maire a affecté sur mon école, une ATSEM (proche de lui) afin de voir ce qu’il se passait dans l’école. Cette personne, au delà de ne pas travailler beaucoup, s’est mise à tenir des propos politiques au sein de l’école ; ce qui m’a conduite à la voir et lui demander de ne plus le faire. Ses supérieurs hiérarchiques ont été prévenus mais rien ne s’est passé.

A la reprise de novembre 2021, mon IEN m’a appelée pour me faire part d’un courrier qu’il avait reçu. Dans celui-ci, le maire expliquait que j’avais harcelée l’ATSEM et il l’informait qu’il allait lancé une enquête administrative sur moi.

Le service scolaire n’était pas au courant et l’ATSEM était toujours en poste dans mon école. Quand elle est revenue après une absence non justifiée, je me suis enfermée dans ma classe pour ne pas la voir et mes collègues se sont chargés de lui dire qu’elle ne pouvait pas reprendre dans l’école : ils ont joint le service scolaire afin de lui dire que la situation ne pouvait être tenable.

J’ai joint l’Autonome de solidarité et j’ai pu avoir les conseils d’un avocat, ce qui m’a conduit a déposé plainte contre l’ATSEM. Je n’ai pu déposer plainte contre le maire car mon IEN n’a pas voulu me fournir la lettre.

Je n’ai pas eu de problème par la suite car j’ai eu le soutien de mes collègues, des autres ATSEM, de l’IEN et du service scolaire de ma commune. Mais a ce jour, je reste blessée et j’ai mis fin à mon engagement politique.

A la rentrée dernière, j’ai appris que ce même maire s’en était pris à un jeune collègue contractuel, habitant la ville et membre d’une Association d’anciens combattants. Ce collègue est évidemment opposant politique mais a surtout écrit une lettre dans laquelle il se plaignait du déroulement des commémorations.

Le maire a écrit à la rectrice en affirmant que ce jeune collègue n’adoptait pas une posture professionnelle adéquat (ce qui était faux). Alors qu’il préparait sa classe de CM1, ce jeune collègue a été muté la veille de la rentrée dans une autre école, loin de chez lui.

Lors de sa convocation par le DASEN, il a été établi qu’il y avait eu précipitation et il a finalement été affecté dans une ville plus proche de son domicile.

C’est donc a deux reprises que ce maire s’est servi de son pouvoir pour “éliminer” des opposants politiques en s’en prenant à eux dans l’exercice de leurs fonctions professionnelles.

Pour ma part bien que très atteinte je n’ai pas souhaité changer de poste. Je l’occupe depuis 20 ans et mes états de services plaident en ma faveur. Et puis je souhaite continuer à travailler auprès des enfants de ma ville de naissance et d’habitation. Mais au quotidien je crains que l’école n’ait à pâtir de tout cela.”

*Témoignage publié avec autorisation de la collègue qui a juste demandé le changement de son prénom.