Lundi 20 juin 2022

Rencontre avec M. Jean-Marc HUART, chef de cabinet du ministre, M. Thomas Leroux, conseiller pédagogique du ministre et M. Laurent CRUSSON, conseiller social du ministre en charge des relations avec les organisations syndicales notamment.

Le #S2DÉ était représenté par Mme. Charlotte GIRARDON, trésorière nationale et porte-parole, Mme. Florence COMTE, secrétaire et porte-parole et M. Thierry PAJOT, secrétaire général.

Nous avons été reçus dans la bibliothèque du Ministère de l’Éducation Nationale, la rencontre a duré 1h15 sans aucun temps mort. A la fin de la réunion, nous avons donné à la demande de M. HUART, la transcription écrite de nos revendications pour la direction d’école. 

Nous avons donc commencé par nous présenter puis nous avons raconté à leur demande, la genèse de notre syndicat des Directrices et des Directeurs d’École entre décembre 2020 et juin 2022.

Il a été question ensuite de nos revendications que vous pourrez retrouver in extenso ci-dessous.

Nous avons également rappelé la nécessité d’une rémunération plus juste, signe d’une reconnaissance de notre métier, et non pas seulement par le biais de primes ne comptant pas pour la retraite. Nous avons ainsi clairement demandé que les futures augmentations permettent une meilleure retraite. Cela étant bien évidemment complémentaire du dégel attendu depuis 5 ans de notre point d’indice. 

Concernant le point d’indice, le cabinet a confirmé son dégel mais ce point (et surtout son chiffrage) sera abordé et présenté à l’Assemblée nationale début juillet lors de l’étude du projet de loi sur le pouvoir d’achat. Le cabinet a très clairement indiqué que le pouvoir législatif avait la main sur cette augmentation, le ministre fera les propositions mais le parlement les adoubera ou pas (…).

Nous avons parlé de la nécessaire augmentation du taux de décharge, en insistant sur les petites écoles qui devraient toutes bénéficier d’un jour de décharge par semaine.

Le point sur les 12 jours de décharge annuels souvent non honorés a été abordé et le chef de cabinet du ministre, auparavant recteur, le comprend. C’est une priorité urgente que ces 12 journées soient respectées, il en a conscience. Nous avons demandé également un calendrier prévisionnel des décharges avec des enseignants positionnés sur une même décharge et non des collègues nouveaux à chaque fois.

Nous avons ensuite décrit de notre mieux le quotidien d’un directeur d’école, qui gère tout seul l’ensemble de ses élèves, quelle que soit la taille de l’école. Nous avons été attentivement écoutés et questionnés parfois sur des points techniques précis.

Le quotidien de notre collègue Charlotte GIRARDON en qualité de coordinatrice PIAL avec 170 AESH à gérer (4 collèges) a impressionné le cabinet qui découvrait d’après nous, qu’une directrice d’école pouvait gérer autant d’AESH.

Nous avons demandé ensuite une application nationale du Code de l’Éducation, et non plus locale, dépendant des IEN. Nous avons fait remonter des différences de lecture de ce Code selon les IEN notamment sur le décisionnel de la répartition des classes et sur les avis contraires au conseil des maîtres que donnent parfois des IEN concernant les dossiers de maintiens des élèves. 

Les statuts fonctionnel et hiérarchique ont été abordés, notamment au niveau sémantique. Le point de vue du #S2DÉ a été demandé. 

Nous sommes donc venus sur La loi RILHAC qui accorde un statut fonctionnel (textes réglementaires en juillet) qui permettra de faire fonctionner l’école de manière plus efficiente en passant simplement, pour certains points, par le directeur sans en référer aux IEN.

« Le directeur est un pair parmi les pairs. » Cette devise ne correspond pas à notre syndicat et, nous avons montré par des exemples concrets, qu’elle ne peut s’appliquer que lorsque tout va bien. En cas de problème, c’en est fini de la direction collégiale.

Les trois personnes présentes étaient tout à fait de notre avis. 

Nous avons également mentionné notre travail à plusieurs reprises avec le secrétaire général d’un syndicat d’IEN qui voit d’un très bon œil l’arrivée d’un syndicat de directeurs uniquement, afin que les missions des IEN soient recentrées sur la pédagogie et l’évaluation/conseil des collègues. 

Nous avons abordé également les élections professionnelles de décembre 2022, en mentionnant que 65 % d’entre vous souhaitent une alliance avec un syndicat existant afin que le syndicat puisse grandir et se faire connaitre sans attendre 4 ans, tout en gardant son indépendance

Le ministère comprend ce souhait et effectivement, en s’associant à un syndicat existant, des représentants du #S2DÉ seraient invités plus fréquemment lors des groupes de travail sur la direction d’école. Ce qui n’exclut absolument pas de demander au ministère d’être reçus seuls. Le cabinet a noté ici tout son intérêt de dialoguer avec nous à l’avenir. 

La question de la représentativité de 2026 s’est également posée, car si les directeurs sont toujours dans le corps des PE, nous ne pourrons jamais être véritablement représentatifs avec seulement 45 000 directrices et directeurs d’école parmi, notamment, les 380 000 votants du 1er degré. 

La conjoncture dans la fonction publique a précisé M. HUART n’est toutefois pas de créer des nouveaux corps mais davantage d’en supprimer ; le fait de créer un corps des directeurs impliquerait également de facto l’existence d’une supériorité hiérarchique des directrices et des directeurs. 

Cependant, nous avons demandé une grille d’avancement spécifique qui d’ailleurs est inscrite dans la loi RILHAC et cela est techniquement faisable sans création d’un nouveau corps pour notre fonction. 

A plusieurs reprises, nous avons parlé du manque de reconnaissance des directeurs, ce qui conduit à de la souffrance au travail et à de nombreux burn-out. L’importance capitale de notre métier n’est plus à démontrer, nous le savons tous, mais au travers de multiples exemples donnés aux membres du cabinet, nous avons, auprès de notre ministère, enfoncé le clou. 

Au travers de ces 75 minutes passées cette après-midi, nous avons eu le sentiment d’avoir été attendus, écoutés et entendus

M. HUART nous a rappelé plusieurs fois que l’invitation de ce jour nous légitimait, en tant que syndicat spécifique de la direction d’école

Ce fut donc un premier rendez-vous pour énoncer nos premières revendications (il y en a et il y en aura d’autres), sans réelle réponse pour le moment (nous étions le lendemain d’élections qui laissent planer une incertitude sur ce gouvernement, sur la façon dont les projets de loi seront débattus et votés), mais le début d’un dialogue social qui, s’il était facile, annihilerait l’existence même de tout syndicat.

Nous continuons donc à nous battre à vos côtés. 

Florence COMTE, Charlotte GIRARDON, Thierry PAJOT, Paris, 20 juin 2022

Voici les 6 premières revendications portées ce jour par le #S2DÉ, expliquées oralement puis données par écrit au Cabinet :

A. Augmentation du point d’indice des enseignants

Le Syndicat demande une revalorisation programmée du point d’indice en prenant appui sur les différentes hausses du SMIC depuis 2017 : à savoir 11%.

B. Augmentation des indemnités des directrices et directeurs d’école

  • Priorité pour le #S2DÉ à une augmentation qui serait incluse dans le calcul de la retraite en privilégiant donc une hausse de la bonification indiciaire davantage que les Indemnités de Sujétion Spéciale.
  • Priorité pour le #S2DÉ à une augmentation identique à toutes les directions d’école de la classe unique aux directions des plus grosses écoles. Le #S2DÉ revendique une hausse minimum programmée de 250 euros mensuels
  • Mise en place d’une grille d’avancement spécifique à la direction d’école qui permet de changer plus rapidement d’échelon. 

C. Augmentation du temps de décharge

  • Priorité donnée à un calendrier favorisant rapidement les petites écoles de 1 à 3 classes avec un passage à une journée de décharge tous les 15 jours (18 jours annuels) et dans un second temps à une journée par semaine pour les écoles à 2 et 3 classes. Volonté forte également que le remplaçant sur les décharges soit nommé à l’année et donc connu à l’avance par le collègue et ses élèves.
  • Demande d’un calendrier trimestriel (a minima) donné à l’avance pour les décharges des petites écoles et d’une stricte application de ce calendrier pour permettre aux collègues une anticipation des journées déchargées. 
  • Demande du #S2DÉ d’octroyer une décharge à 125% pour les grosses écoles : un directeur totalement déchargé aidé par un enseignant supplémentaire déchargé à 25% pour l’aider dans la gestion de l’école.
  • Aide administrative pérenne pour les écoles le formulant à travers une demande liée à la particularité de l’établissement (taille, REP, REP+…).

D. Corps électoral des directrices et directeurs d’école

Nécessité de représenter véritablement les directrices et directeurs d’école dans toutes les commissions et groupes de travail nationaux et locaux à travers un vote spécifique dédié aux 45 000 directions d’école lors des élections professionnelles de 2026. 

E. Une application des décrets et autres textes réglementaires qui découlent de la loi RILHAC

Autorité fonctionnelle notamment avec délégation des compétences aux directeurs, vote électronique…

F. Respect du Code de l’Éducation par une application nationale des circulaires par les IEN.