« J’ai été directrice de l’école où j’ai choisi d’être pendant 8 ans, équipe agréable et village sympathique. Je dis : « j’ai été » car j’ai « du » partir.
Depuis le COVID, la situation des directeurs s’est dégradée. On a habitué, par notre veille à distance, parents, hiérarchie et collègues à une présence continue avec des tâches à rallonge. Mais quand on aime ce qu’on fait ….
Toutefois quand un parent commence à vous attaquer et continue de vous fragiliser en s’acharnant pendant une année, vous commencez l’année suivante avec la boule au ventre.
Pourtant on se motive : nouvelle année, nouvelle inspectrice, nouveau départ !
Quand celle ci s’est présentée en début d’année, elle m’a dit entre autres » Si vous voulez passer une meilleure année, il va falloir être arrangeante « . Je dis bien entre autres… car il y a eu d’autres méchancetés déblatérées dans un cour instant, dans un couloir, pendant la classe, avec un grand sourire. J’ai fait mon premier burn out.
Puis elle a recommencé en mars alors que je demandais des conseils sur le harcèlement des élèves. 2ème burn out.
Et le dernier jour de mon arrêt, elle m’a envoyé un mail pour me convoquer à un entretien disciplinaire. J’ai appris par la suite que cette entrevue était incontournable suites aux courriers des maires de l’association de commune qu’elle avait reçu. J’ai pris connaissance de ces courriers lors de la consultation de mon dossier administratif car personne n’a voulu m’en donner une copie.
J’ai d’abord ri en croyant que c’était une plaisanterie puis j’étais anéantie. Comment aller contre ça ? Comment des maires pouvaient écrire ce type de diffamation ? Et pourquoi ?
Quand j’ai montré ces courriers à un avocat spécialisé en communication, il m’a annoncé que c’était pire que ce que je pensais : j’étais clairement accusée de maltraitance sur enfant. Comme je savais que c’était faux, je n’avais pas compris la douleur de ces mots.
Les répercussions m’ont fait prendre conscience : re-burn out plus long, arrêt maladie, perte de salaire, besoin de survivre psychologiquement et financièrement parlant et surtout une incapacité psychologique à retourner en classe. J’ai perdu mon poste de directrice, d’enseignante mais ma joie de vivre en tant que maîtresse passionnée. J’ai été affectée sur un poste de remplaçant sur 4 niveaux, 4 écoles, le top pour se sentir à l’aise. Je n’ai toujours pas repris et pourtant je culpabilise en pensant que mon remplacement n’est pas toujours assuré.
Aujourd’hui j’attaque ces deux maires et leurs adjoints cosignataires. J’espère que la justice fera son travail et que les textes empêcheront ces maires de porter des accusations de ce type sans preuve et sans raison apparente. Je précise que l’éducation nationale m’a refusé la protection fonctionnelle. Même si le mal est fait, j’ai besoin que justice soit faite et que je puisse être lavée de tout soupçon (je sais bien que ce qui est fait est fait) mais… j’en ai besoin !
Une ex directrice assassinée par des mots. »
Virginie*.
Témoignage publiée avec l’autorisation de l’auteur, Paris, 2 février 2024 – *prénom modifié.